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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/116

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

qu’il faut haïr ; et le pauvre Collot-d’Herbois a droit à cet accent si tendre avec lequel on a sollicité pour lui l’intérêt de la chambre. Oui, je rends justice à la sincérité du très-honorable secrétaire de la guerre : il n’a rien feint, j’en suis sûr ; le son de sa voix n’a été que l’expression de son âme, chaque fois qu’il a imploré la miséricorde pour le pauvre Collot-d’Herbois, ou appelé de tous les coins de la terre, la haine, la vengeance et la tyrannie, pour exterminer le général la Fayette, sa femme et ses enfans, ses compagnons et ses serviteurs.

« Mais moi qui sens autrement, moi qui suis encore ce que j’ai toujours été, moi qui vivrai et mourrai l’ami de l’ordre, mais de la liberté, l’ennemi de l’anarchie, mais de la servitude, je n’ai pas cru qu’il me fût permis de garder le silence après de tels outrages, après de tels blasphèmes vomis dans l’enceinte d’un parlement anglois, contre l’innocence et la vérité, contre les droits et le bonheur de l’espèce humaine, contre les principes de notre glorieuse révolution ; enfin, contre la mémoire sacrée de nos illustres ancêtres, de ces hommes dont la sagesse, les vertus et les bienfaits seront révérés et bénis par le peu-