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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/161

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CONSIDÉRATIONS

une sensation terrible dans l’opinion, et rompit tout-à-fait le traité tacitement signé entre la convention et les honnêtes gens : on vouloit pardonner aux conventionnels, pourvu qu’ils renonçassent au pouvoir ; mais il étoit naturel qu’ils voulussent le conserver au moins comme une sauvegarde. Les Parisiens furent un peu trop violens dans cette circonstance, et peut-être l’envie d’occuper toutes les places, passion qui commençoit à fermenter dans les esprits, les aigrit-elle alors. On savoit pourtant que des hommes très-estimables étoient désignés comme devant être directeurs ; les conventionnels vouloient se faire honneur par de bons choix, et peut-être étoit-il sage d’attendre le terme fixé pour écarter légalement et graduellement le reste des députés ; mais il se mêla des royalistes dans le parti qui ne vouloit que s’approprier les places de la république ; et, comme il est constamment arrivé depuis vingt-cinq ans, du moment où la cause de la révolution parut compromise, ceux qui la défendoient eurent pour eux le peuple et l’armée, les faubourgs et les soldats. C’est alors que l’on vit s’établir entre la force populaire et la force militaire une alliance qui rendit bientôt celle-ci maîtresse de l’autre. Les guerriers françois,