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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/18

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

d’une manière abstraite, et en la fondant presque toujours sur le calcul ; mais M. Necker s’est surtout occupé des rapports de cette science avec la morale individuelle, le bonheur et la dignité des nations. C’est le Fénélon de la politique, si j’ose m’exprimer ainsi, en honorant ces deux grands hommes par l’analogie de leurs vertus.

Le premier ouvrage qu’il publia en 1791 est intitulé : De l’Administration de M. Necker, par lui-même. À la suite d’une discussion politique très-approfondie sur les diverses compensations que l’on auroit dû accorder aux privilégiés pour la perte de leurs anciens droits, il dit, en s’adressant à l’assemblée : « Je l’entends ; on me reprochera mon attachement obstiné aux principes de la justice, et l’on essayera de le déprimer en y donnant le nom de pitié aristocratique. Je sais mieux que vous de quelle sorte est la mienne. C’est pour vous, les premiers, que j’ai connu ce sentiment d’intérêt ; mais alors vous étiez sans union et sans force ; c’est pour vous, les premiers, que j’ai combattu. Et dans le temps où je me plaignois si fortement de l’indifférence qu’on vous témoignoit ; lorsque je parlois des égards qui vous étoient dus ; lorsque je montrois une inquiétude conti-