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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/185

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CONSIDÉRATIONS

de persécuter qui excitent la haine, mais aucun des droits constitutionnels avec lesquels ils auroient pu se défendre. Au moment où le second tiers des chambres fut renouvelé par l’élection de 1797, l’esprit public devint une seconde fois impatient d’écarter les conventionnels des affaires ; mais une seconde fois aussi, au lieu d’attendre une année pendant laquelle la majorité du directoire devoit changer, et le dernier tiers des chambres se renouveler, la vivacité françoise porta les ennemis du gouvernement à vouloir le renverser sans nul délai. L’opposition au directoire ne fut pas d’abord formée par des royalistes purs ; mais ils s’y mêlèrent par degrés. D’ailleurs, dans les dissensions civiles les hommes finissent toujours par prendre les opinions dont on les accuse, et le parti qui attaquoit le directoire étoit ainsi forcément poussé vers la contre-révolution.

On vit s’agiter de toutes parts un esprit de réaction intolérable ; à Lyon, à Marseille, on assassinoit des hommes, il est vrai, très-coupables, mais on les assassinoit. Les journaux proclamoient chaque jour la vengeance, en s’armant de la calomnie, en annonçant ouvertement la contre-révolution. Il y avoit dans l’intérieur des deux conseils, comme au dehors,