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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/300

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’autorité qui l’auroit créée. Les nations ne sont pas des Pygmalions qui adorent leur propre ouvrage, et le sénat, composé d’hommes nouveaux, choisis dans une foule d’hommes pareils, ne se sentoit pas de force, et n’inspiroit pas de respect.

Écoutons, sur ce sujet, les propres paroles de M. Necker ; elles s’appliquent à la chambre des pairs, telle qu’on la fit improviser par Bonaparte en 1815 ; elles s’appliquent surtout au gouvernement militaire de Napoléon, qui étoit pourtant bien loin, en 1802, d’être établi comme nous l’avons vu depuis. « Si donc, ou par une révolution politique, ou par une révolution dans l’opinion, vous aviez perdu les élémens productifs des grands seigneurs, considérez-vous comme ayant perdu les élémens productifs de la monarchie héréditaire tempérée, et tournez vos regards, fût-ce avec peine, vers un autre ordre social.

« Je ne crois pas que Bonaparte lui-même, avec son talent, avec son génie, avec toute sa puissance, pût venir à bout d’établir en France, aujourd’hui, une monarchie héréditaire tempérée. C’est une opinion bien importante ; voici mes motifs : qu’on juge.

« Je fais observer auparavant que cette opi-