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Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/324

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

mentoit pendant sa dernière maladie, c’étoit la crainte d’avoir été la cause de mon exil : et je n’étais pas près de lui pour le rassurer ! Il écrivit à Bonaparte, d’une main affaiblie, pour lui demander de me rappeler quand il ne seroit plus. J’envoyai cette requête sacrée à l’empereur ; il n’y répondit point : la magnanimité lui a toujours paru de l’affectation, et il en parloit assez volontiers comme d’une vertu de mélodrame : s’il avoit pu connaître l’ascendant de cette vertu, il eût été tout à la fois meilleur et plus habile. Après tant de douleurs, après tant de vertus, la puissance d’aimer sembloit s’être accrue dans mon père, à l’âge où elle diminue chez les autres hommes ; et tout annonçoit en lui, quand il a fini de vivre, le retour vers le ciel.