Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
CONSIDÉRATIONS

paru dignes d’attention. D’abord on vient de publier, en 1813, les lettres de Machiavel, trouvées dans les manuscrits de la bibliothèque Barberini, qui prouvent positivement que c’est pour se raccommoder avec les Médicis qu’il a publié le Prince. On lui avoit fait subir la question, à cause de ses efforts en faveur de la liberté ; il étoit ruiné, malade, et sans ressources ; il transigea, mais après la torture : en vérité, l’on cède à moins, de nos jours.

Ce traité du Prince, où l’on retrouve malheureusement la supériorité d’esprit que Machiavel avoit développée dans une meilleure cause, n’a point été composé, comme on l’a cru, pour faire haïr le despotisme en montrant quelles affreuses ressources les despotes doivent employer pour se maintenir. C’est une supposition trop détournée pour être admise. Il me semble plutôt que Machiavel, détestant avant tout le joug des étrangers en Italie, toléroit et encourageoit même les moyens, quels qu’ils fussent, dont les princes du pays pouvoient se servir pour être les maîtres, espérant qu’ils seroient assez forts un jour pour repousser les troupes allemandes et françoises. Machiavel analyse l’art de la guerre dans ses écrits, comme les hommes du métier pourroient le faire ; il