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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/265

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CONSIDÉRATIONS

de respect pour la religion et pour les mœurs en Angleterre que dans aucun autre pays de l’Europe. On se plaît à dire en France que c’est précisément par égard pour la religion et pour les mœurs qu’on a de tout temps eu des censeurs ; et néanmoins il suffit de comparer l’esprit de la littérature en Angleterre, depuis que la liberté de la presse y est établie, avec les divers écrits qui ont paru sous le règne arbitraire de Charles II, et sous celui du régent et de Louis XV en France. La licence des écrits a été portée chez les François, dans le dernier siècle, à un degré qui fait horreur. Il en est de même en Italie où, de tout temps, on a soumis cependant la presse aux restrictions les plus gênantes. L’ignorance dans la masse, et l’indépendance la plus désordonnée dans les esprits distingués, est toujours le résultat de la contrainte.

La littérature angloise est certainement celle de toutes dans laquelle il y a le plus d’ouvrages philosophiques. L’Écosse renferme encore aujourd’hui des écrivains très-forts en ce genre, Dugald Stewart en première ligne, qui ne se lasse point de rechercher la vérité dans la retraite. La critique littéraire est portée au plus haut point dans les journaux, et parti-