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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/293

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CONSIDÉRATIONS

de l’Angleterre, un homme si universel dans ses connoissances et si brillant dans sa conversation, que les Anglois le citent avec orgueil aux étrangers, pour prouver que, dans ce genre aussi, ils peuvent être les premiers ; sir Samuel Romilly, la lumière et l’honneur de cette jurisprudence angloise qui est elle-même l’objet de tous les respects de l’humanité ; des poètes, des hommes de lettres non moins remarquables dans leur carrière que les hommes d’état dans la leur : chacun contribuoit au pur éclat d’une telle société et de l’hôte illustre qui la présidait. Car, en Angleterre, la culture de l’esprit et la morale sont presque toujours réunies. En effet, à une certaine hauteur elles ne sauroient être séparées.

Lord Harrowby, président du conseil privé, est naturellement du parti ministériel, ou tory ; mais, de même que lord Grey a toute la dignité de l’aristocratie dans son caractère, lord Harrowby tient par son esprit à toutes les lumières du parti libéral. Il connoît les littératures étrangères et celle de France en particulier, un peu mieux que nous-mêmes. J’avais l’honneur de le voir quelquefois, au milieu des plus grandes crises de l’avant-dernière guerre ; et, tandis qu’ailleurs on est obligé de composer ses paroles et