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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/307

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CONSIDÉRATIONS

cette contrée : c’est l’esclavage encore subsistant dans les provinces du midi ; mais, quand le congrès y aura trouvé remède, comment pourra-t-on refuser le plus profond respect aux institutions des États-Unis ? D’où vient donc que beaucoup d’Anglais se permettent de parler avec dédain d’un tel peuple ? « Ce sont des marchands, » répètent-ils. Et comment les courtisans du temps de Louis XIV s’exprimaient-ils sur les Anglois eux-mêmes ? Les gens de la cour de Bonaparte aussi, que disaient-ils ? Les noblesses oisives, ou uniquement occupées du service des princes, ne dédaignent-elles pas cette magistrature héréditaire des Anglois, qui se fonde uniquement sur l’utilité dont elle est à la nation entière ? Les Américains, il est vrai, ont déclaré la guerre à l’Angleterre, dans un moment très-mal choisi par rapport à l’Europe ; car l’Angleterre seule, alors, combattoit contre la puissance de Bonaparte. Mais l’Amérique n’a vu dans cette circonstance que ce qui concernoit ses propres intérêts ; et certes, on ne peut pas la soupçonner d’avoir voulu favoriser le système impérial. Les nations n’en sont pas encore à ce noble sentiment d’humanité qui s’étendroit d’une partie du monde à l’autre. On se hait entre voisins : se connoît-on