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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/317

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CONSIDÉRATIONS

Pologne, les restes déchirés de ce malheureux pays agitent encore l’Europe, ces débris se rallument sans cesse pour lui servir de brandons. Est-ce pour affermir le gouvernement actuel que cent cinquante mille soldats occupent notre territoire ? Le gouvernement a des moyens plus efficaces de se maintenir ; car, destiné pourtant un jour à ne s’appuyer que sur des François, les troupes étrangères qui restent en France, les contributions exorbitantes qu’elles exigent, excitent chaque jour un mécontentement vague dont on ne fait pas toujours le partage avec justice.

J’accorde cependant volontiers que l’Angleterre, ainsi que l’Europe, devoit désirer le retour des anciens souverains de la France ; et que, surtout, la haute sagesse qu’avoit montrée le roi dans la première année de sa restauration, imposoit le devoir de réparer envers lui le cruel retour de Bonaparte. Mais les ministres anglois qui, mieux que tous les autres, connaissent par l’histoire de leur pays les effets d’une longue révolution sur les esprits, ne devaient-ils pas maintenir en France avec autant de soin les garanties constitutionnelles que l’ancienne dynastie ? Puisqu’ils ramenoient la famille royale, ne devoient-ils pas veiller à ce