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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/359

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CONSIDÉRATIONS

semblent néanmoins entre elles, comme des personnes de la même famille, également superficielles, dédaigneuses, et faites pour ne présenter jamais qu’un côté de la question, par opposition à celui que les circonstances ont battu. Les ruses de l’intrigue se mêlant maintenant à la littérature comme à tout le reste, il n’y a pas une possibilité pour un pauvre lecteur françois, d’apprendre jamais autre chose que ce qu’il convient de dire, et non ce qui est. Dans le dix-huitième siècle, au contraire, les puissans ne se doutoient pas de l’influence des écrits sur l’opinion, et ils laissoient la littérature à peu près aussi tranquille que les sciences physiques le sont encore aujourd’hui. Les grands écrivains ont tous combattu avec plus ou moins de ménagemens les diverses institutions qui s’appuient sur des préjugés. Mais qu’est-il arrivé de ce combat ? que les institutions ont été vaincues. On pourroit appliquer au règne de Louis XV et au genre de bonheur qu’on y trouvait, ce que disoit cet homme qui tomboit d’un troisième étage : Cela va bien, pourvu que cela dure.

Les gouvernemens représentatifs, m’objectera-t-on encore, n’ont point existé en Allemagne, et cependant les lumières y ont fait d’immenses