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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/78

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

mens et le peuple ; ils se comprennent, ils se connaissent. On peut prendre sa force dans tel ou tel parti ; mais se flatter d’amener à pas de loup les institutions contre lesquelles l’opinion est en garde, c’est n’avoir aucune idée de ce qu’est devenu le public de notre temps.

Une suite de résolutions rétablissoit chaque chose comme jadis ; on entouroit la charte constitutionnelle de manière à la rendre un jour tellement étrangère à l’assemblée, qu’elle tombât, pour ainsi dire, d’elle-même, étouffée par les ordonnances et les étiquettes. Tantôt on proposoit de réformer l’Institut, qui a fait la gloire de la France éclairée, et d’imposer de nouveau à l’Académie françoise ces vieux éloges du cardinal de Richelieu et de Louis XIV, exigés depuis plus d’un siècle ; tantôt on décrétoit d’anciennes formules de serment dans lesquelles il n’étoit pas question de la charte ; et, quand elles excitoient des plaintes, on vous citoit l’exemple de l’Angleterre : car elle faisoit loi contre la liberté, mais jamais en sa faveur. Néanmoins il étoit très-aisé, dans cette occasion comme dans toutes, de réfuter l’exemple de l’Angleterre par un argument ainsi conçu : Le roi d’Angleterre jurant lui-même de maintenir les lois constitutionnelles du royaume, les fonction-