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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/107

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CORINNE OU L’ITALIE.

fois, quand nous étions ensemble, vous ne cherchiez pas à précipiter les heures, vous en jouissiez. — À présent, dit Corinne, il faut que tout se décide ; il faut que tout arrive à son terme, et je me sens le besoin de tout hâter, fût-ce ma mort. —

Au sortir de la grotte on éprouve une vive sensation de plaisir en retrouvant le jour et la nature, et quelle nature que celle qui s’offre alors aux regards ! Ce qui manque souvent à la campagne d’Italie, ce sont les arbres ; l’on en voit dans ce lieu en abondance. La terre d’ailleurs y est couverte de tant de fleurs, que c’est le pays où l’on peut le mieux se passer de ces forêts qui sont la plus grande beauté de la nature dans toute autre contrée. La chaleur est si grande à Naples qu’il est impossible de se promener, même à l’ombre, pendant le jour ; mais le soir ce pays ouvert, entouré par la mer et le ciel, s’offre en entier à la vue, et l’on respire la fraîcheur de toutes parts. La transparence de l’air, la variété des sites, les formes pittoresques des montagnes caractérisent si bien l’aspect du royaume de Naples, que les peintres en dessinent les paysages de préférence. La nature a dans ce pays une puissance et une originalité que l’on ne peut expli-