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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/128

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CORINNE OU L’ITALIE.

il ait fallu sentir les angoisses de l’enfer ! Pauvre nature humaine ! Nous ne connaissons l’infini que par la douleur ; et dans toutes les jouissances de la vie il n’est rien qui puisse compenser le désespoir de voir mourir ce qu’on aime.

— Cruel ! s’écria Corinne, cruel, qu’avez-vous fait ? — Pardonnez, répondit Oswald, d’une voix encore tremblante, pardonnez. Dans l’instant où je me suis cru prêt à périr, croyez-moi, chère amie, j’avais peur pour vous. — Admirable expression de l’amour partagé, de l’amour au plus heureux moment de la confiance mutuelle ! Corinne, vivement émue par ces délicieuses paroles, ne put se les rappeler jusqu’à son dernier jour, sans un attendrissement qui, pour quelques instans du moins, fait tout pardonner.