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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/150

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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE II.


JE n’avais d’autre amusement que l’éducation de ma petite sœur ; ma belle-mère ne voulait pas qu’elle sut la musique, mais elle m’avait permis de lui apprendre l’italien et le dessin, et je suis persuadée qu’elle se souvient encore de l’un et de l’autre, car je lui dois la justice qu’elle montrait alors beaucoup d’intelligence. Oswald, Oswald ! si c’est pour votre bonheur que je me suis donnée tant de soins, je m’en applaudis encore : je m’en applaudirais dans le tombeau. J’avais près de vingt ans, mon père voulait me marier, et c’est ici que toute la fatalité de mon sort va se déployer. Mon père était l’intime ami du vôtre, et c’est à vous, Oswald, à vous qu’il pensa pour mon époux. Si nous nous étions connus alors, et si vous m’aviez aimée, notre sort à tous les deux eût été sans nuage. J’avais entendu parler de vous avec un tel éloge, que,