Aller au contenu

Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
CORINNE OU L’ITALIE.

tous les habitans entourèrent la maison où il était. Corinne fut éveillée par les cris de vive lord Nelvil ! vive notre bienfaiteur ! qui retentissaient sous ses fenêtres ; elle tressaillit à ces mots, se leva précipitamment, et alla se mêler à la foule, pour entendre louer celui qu’elle aimait. Lord Nelvil, averti que le peuple le demandait avec véhémence, fut enfin obligé de paraître ; il croyait que Corinne dormait encore, et qu’elle devait ignorer ce qui se passait. Quel fut son étonnement de la trouver au milieu de la place, déjà connue, déjà chérie par toute cette multitude reconnaissante, qui la suppliait de lui servir d’interprète. L’imagination de Corinne se plaisait un peu dans toutes les circonstances extraordinaires, et cette imagination était son charme, et quelquefois son défaut. Elle remercia lord Nelvil, au nom du peuple, et le fit avec tant de grâce et de noblesse, que tous les habitans d’Ancone en étaient ravis ; elle disait : Nous, en parlant d’eux. Vous nous avez sauvés, nous vous devons la vie. Et quand elle s’avança pour offrir, en leur nom, à lord Nelvil, la couronne de chêne et de laurier qu’ils avaient tressée pour lui, une émotion indéfinissable la saisit ; elle se sentit intimidée en s’approchant d’Oswald,