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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/249

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LIVRE XVI.

LE DÉPART ET L’ABSENCE

CHAPITRE PREMIER.


DÈS que l’on sut l’arrivée de Corinne à Venise, chacun eut la plus grande curiosité de la voir. Quand elle se rendait dans un café de St.-Marc, l’on se pressait en foule sous les galeries de la place pour l’apercevoir un moment, et la société tout entière la recherchait avec l’empressement le plus vif. Elle aimait assez autrefois à produire cet effet brillant partout où elle se montrait, et elle avouait naturellement que l’admiration avait un grand charme pour elle. Le génie inspire le besoin de la gloire, et il n’est d’ailleurs aucun bien qui ne soit désiré par ceux à qui la nature a donné les moyens de l’obtenir. Néanmoins, dans sa situation actuelle, Corinne redoutait tout ce qui semblait en contraste avec les habitudes de la vie domestique, si chères à lord Nelvil.