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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/263

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CORINNE OU L’ITALIE.

ma vie est en ta puissance, tant qu’elle sera nécessaire à ton bonheur. À mon retour des îles, je verrai si je puis te rendre ta patrie et t’y faire retrouver le rang et l’existence qui te sont dus ; mais si je n’y réussissais pas, je reviendrais en Italie vivre et mourir à tes pieds. — Hélas ! reprit Corinne, et ces dangers de la guerre que vous allez braver.... — Ne les crains pas, reprit Oswald, j’y échapperai : mais si je périssais cependant, moi, le plus inconnu des hommes, mon souvenir resterait dans ton cœur : tu n’entendrais peut-être jamais prononcer mon nom, sans que tes yeux se remplissent de larmes, n’est-il pas vrai, Corinne ? tu dirais : Je l’ai connu, il m’a aimée. — Ah ! laisse-moi, laisse-moi, s’écria-t-elle, tu te trompes à mon calme apparent, demain, quand le soleil reviendra, et que je me dirai : Je ne le verrai plus, je ne le verrai plus ! il se peut que je cesse de vivre, et ce serait bien heureux ! — Pourquoi, s’écria lord Nelvil, pourquoi, Corinne ? crains-tu de ne pas me revoir ? Cette promesse solennelle de nous réunir à jamais n’est-elle rien pour toi ? ton cœur en peut-il douter ? — Non ; je vous respecte trop pour ne pas vous croire, dit Corinne ; il m’en coûterait plus encore de renoncer à mon admiration pour vous, qu’à mon amour. Je vous regarde comme