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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/267

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CORINNE OU L’ITALIE.

prend point leurs charmes, elle ne voit que leurs dangers. Elle trouve inutile, et peut-être coupable, tout ce qui ne s’accorde pas avec la destinée qu’elle s’est tracée, et toute la poésie du cœur lui semble un caprice importun qui s’arroge le droit de mépriser sa raison. C’est au nom des vertus que je respecte autant que vous, qu’elle condamnera mon caractère et mon sort. Oswald, elle vous dira que je suis indigne de vous. — Et comment pourrais-je l’entendre ? interrompit Oswald ; quelles vertus oserait-on élever plus haut que ta générosité, ta franchise, ta bonté, ta tendresse ? Céleste créature ! que les femmes communes soient jugées par les règles communes ! Mais honte à celui que tu aurais aimé, et qui ne te respecterait pas autant qu’il t’adore ! Rien, dans l’univers, n’égale ton esprit ni ton cœur. À la source divine où tes sentimens sont puisés, tout est amour et vérité. Corinne, Corinne, ah ! je ne puis te quitter. Je sens mon courage défaillir. Si tu ne me soutiens pas, je ne partirai point ; et c’est de toi qu’il faut que je reçoive la force de t’affliger ? — Hé bien, dit Corinne, encore quelques instans avant de recommander mon ame à Dieu, pour qu’il me donne la force d’entendre sonner l’heure fixée pour ton départ. Nous nous sommes