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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/269

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CORINNE OU L’ITALIE.

resterait-il, quand j’aurais cessé de l’estimer ? Car lui aussi doit m’aimer, il le doit. Je sens au fond de mon cœur une affection qui commande la sienne. Oh, mon Dieu ! s’écria-t-elle encore une fois, la mort, ou son amour. — En achevant cette prière, elle se retourna vers Oswald, et le trouva prosterné devant elle, dans des convulsions effrayantes : l’excès de son émotion avait surpassé ses forces : il repoussait les secours de Corinne, il voulait mourir, et sa tête semblait absolument perdue. Corinne, avec douceur, serra ses mains dans les siennes, en lui répétant tout ce qu’il lui avait dit lui-même. Elle l’assura qu’elle le croyait, qu’elle se fiait à son retour, et qu’elle se sentait beaucoup plus calme : ces douces paroles firent quelque bien à lord Nelvil. Cependant plus il sentait approcher l’heure de sa séparation, plus il lui semblait impossible de s’y décider.

— Pourquoi, dit-il à Corinne, pourquoi n’irions-nous pas au temple avant mon départ, pour prononcer le serment d’une union éternelle ? — Corinne tressaillit à ces mots, regarda lord Nelvil, et le plus grand trouble agita son cœur ; elle se souvint qu’Oswald, en lui racontant son histoire, lui avait dit que la douleur d’une femme était toute-puissante sur sa con-