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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/293

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CORINNE OU L’ITALIE.

c’est que Lucile avait fait quelque chose de fort extraordinaire, selon ses habitudes, en restant avec lui quelques minutes sans sa mère ; et il en fut touché, comme il l’aurait été d’un témoignage d’intérêt très-marquant donné par une autre.

Lady Edgermond s’assit, et renvoya ses gens qui l’avaient soutenue jusques à son fauteuil. Elle était fort pâle, et ses lèvres tremblaient en offrant une tasse de thé à lord Nelvil. Il observa cette agitation ; et l’embarras qu’il éprouvait lui-même s’en accrut ; cependant, animé par le désir de rendre service à celle qu’il aimait, il commença l’entretien. — Madame, dit-il à lady Edgermond, j’ai beaucoup vu en Italie une femme qui vous intéresse particulièrement. — Je ne le crois pas, répondit lady Edgermond avec sécheresse, car personne ne m’intéresse dans ce pays-là. — J’imaginais cependant, continua lord Nelvil, que la fille de votre époux avait des droits sur votre affection. — Si la fille de mon époux, reprit lady Edgermond, était une personne indifférente à ses devoirs, comme à sa considération, je ne lui souhaiterais sûrement pas du mal, mais je serais bien-aise de n’en jamais entendre parler. — Et si cette fille abandonnée par vous, madame, reprit Oswald avec chaleur, était la femme