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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/38

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CORINNE OU L’ITALIE.

et la cendre de cette terre pulvérisée roule seule sous vos pieds mal affermis.

Nè greggi nè armenti
Guida bifolco mai, guida pastore.

Jamais le berger ni le pasteur ne conduisent en ce lieu ni leurs brebis ni leurs troupeaux.

Un hermite habite là sur les confins de la vie et de la mort. Un arbre, le dernier adieu de la végétation, est devant sa porte ; et c’est à l’ombre de son pâle feuillage que les voyageurs ont coutume d’attendre que la nuit vienne pour continuer leur route. Car, pendant le jour, les feux du Vésuve ne s’aperçoivent que comme un nuage de fumée, et la lave si ardente de nuit n’est que sombre à la clarté du soleil. Cette métamorphose elle-même est un beau spectacle, qui renouvelle chaque soir l’étonnement que la continuité du même aspect pourrait affaiblir. L’impression de ce lieu, sa solitude profonde donnèrent à lord Nelvil plus de force pour révéler ses secrets sentimens, et désirant encourager la confiance de Corinne, il consentit à lui parler, et lui dit avec une vive émotion :

— Vous voulez lire jusqu’au fond de l’ame de votre malheureux ami, hé bien, je vous avouerai