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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/383

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CHAPITRE II


UN vent favorable transporta Corinne à Livourne en moins d’un mois. Elle eut presque toujours la fièvre pendant ce temps, et son abattement était tel, que la douleur de l’ame se mêlant à la maladie, toutes ses impressions se confondaient ensemble, et ne laissaient en elle aucune trace distincte. Elle hésita, en arrivant, si elle se rendrait d’abord à Rome ; mais bien que ses meilleurs amis l’y attendissent, une répugnance insurmontable l’empêchait d’habiter les lieux où elle avait connu Oswald. Elle se retraçait sa propre demeure, la porte qu’il ouvrait deux fois par jour en venant chez elle, et l’idée de se retrouver là sans lui la faisait frissonner. Elle résolut donc de se rendre à Florence ; et comme elle avait le sentiment que sa vie ne résisterait pas long-temps à ce qu’elle souffrait, il lui convenait assez de se détacher par degrés de l’existence, et de commencer d’abord par vivre seule loin de ses amis, loin de la