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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/472

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CORINNE OU L’ITALIE.

constances qui m’ont empêché d’apprendre son voyage en Angleterre, avant que je fusse l’époux de Lucile ; et quand elle l’aura lue, demandez-lui de me recevoir. J’ai besoin de lui parler pour justifier, s’il se peut, ma conduite. Son estime m’est nécessaire, quoique je ne doive plus prétendre à son intérêt. — Je remplirai vos désirs, mylord, dit le prince Castel-Forte : je souhaiterais que vous lui fissiez quelque bien. —

Lady Nelvil entra dans ce moment. Oswald lui présenta le prince Castel-Forte : elle le reçut avec assez de froideur ; il la regarda fort attentivement. Sa beauté sans doute le frappa, car il soupira en pensant à Corinne, et sortit. Lord Nelvil le suivit. — Elle est charmante lady Nelvil, dit le prince Castel-Forte, quelle jeunesse, quelle fraîcheur ! Ma pauvre amie n’a plus rien de cet éclat ; mais il ne faut pas oublier, mylord, qu’elle était bien brillante aussi quand vous l’avez vue pour la première fois. — Non, je ne l’oublie pas, s’écria lord Nelvil, non, je ne me pardonnerai jamais et il s’arrêta sans pouvoir achever ce qu’il voulait dire. — Le reste du jour il fut silencieux et sombre. Lucile n’essaya pas de le distraire, et lord Nelvil était blessé de ce qu’elle ne l’essayait pas. Il se disait en lui-même : — Si Corinne m’avait vu triste, Corinne m’aurait consolé. —