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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/496

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CORINNE OU L’ITALIE.

capable ; mais puisque je dois bientôt mourir, mon seul désir personnel est encore qu’Oswald retrouve dans vous et dans sa fille quelques traces de mon influence, et que jamais du moins il ne puisse avoir une jouissance de sentiment sans se rappeler Corinne. — Lucile revint tous les jours chez sa sœur, et s’étudiait par une modestie bien aimable, et par une délicatesse de sentiment plus aimable encore, à ressembler à la personne qu’Oswald avait le plus aimée. La curiosité de lord Nelvil s’accroissait tous les jours en remarquant les grâces nouvelles de Lucile. Il devina bien vite qu’elle avait vu Corinne ; mais il ne put obtenir aucun aveu sur ce sujet. Corinne, dès son premier entretien avec Lucile, avait exigé le secret de leurs rapports ensemble. Elle se proposait de voir une fois Oswald et Lucile réunis, mais seulement, à ce qu’il paraît, quand elle se croirait assurée de n’avoir plus que peu d’instans à vivre. Elle voulait tout dire et tout éprouver à la fois ; et elle enveloppait ce projet d’un tel mystère, que Lucile elle-même ne savait pas de quelle manière elle avait résolu de l’accomplir.