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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/500

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CORINNE OU L’ITALIE.

Une musique noble et sensible prépara les auditeurs à l’impression qu’ils allaient recevoir. Le malheureux Oswald ne pouvait détacher ses regards de Corinne, de cette ombre qui lui semblait une apparition cruelle dans une nuit de délire ; et ce fut à travers ses sanglots qu’il entendit ce chant du cigne, que la femme envers laquelle il était si coupable lui adressait encore au fond du cœur.


Dernier chant de Corinne.

« Recevez mon salut solennel, ô mes concitoyens ! Déjà la nuit s’avance à mes regards ; mais le ciel n’est-il pas plus beau pendant la nuit ? Des milliers d’étoiles le décorent. Il n’est de jour qu’un désert. Ainsi les ombres éternelles révèlent d’innombrables pensées que l’éclat de la prospérité faisait oublier. Mais la voix qui pourrait en instruire s’affaiblit par degrés ; l’ame se retire en elle-même, et cherche à rassembler sa dernière chaleur.

Dès les premiers jours de ma jeunesse, je promis d’honorer ce nom de Romaine qui fait encore tressaillir le cœur. Vous m’avez permis la gloire, oh ! vous, nation libérale, qui ne