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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/7

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CORINNE OU L’ITALIE.

perfides que ce lieu fait éprouver. Lord Nelvil veillait constamment sur Corinne. Quelquefois elle penchait sa tête sur Thérésine qui les accompagnait, quelquefois elle fermait les yeux, vaincue par la langueur de l’air. Oswald se hâtait de la réveiller avec une inexprimable terreur, et bien qu’il fut silencieux naturellement, il était inépuisable en sujets de conversation, toujours soutenus, toujours nouveaux, pour l’empêcher de succomber un moment à ce fatal sommeil. Ah ! ne faut-il pas pardonner au cœur des femmes les regrets déchirans qui s’attachent à ces jours où elles étaient aimées, où leur existence était si nécessaire à l’existence d’un autre, lorsqu’à tous les instans elles se sentaient soutenues et protégées ? Quel isolement doit succéder à ces temps de délices ! Et qu’elles sont heureuses celles que le lien sacré du mariage a conduites doucement de l’amour à l’amitié, sans qu’un moment cruel ait déchiré leur vie !

Oswald et Corinne, après le passage inquiétant des marais pontins, arrivèrent enfin à Terracine, sur le bord de la mer, aux confins du royaume de Naples. C’est là que commence véritablement le midi ; c’est là qu’il accueille les voyageurs avec toute sa magnificence. Cette terre de Naples, cette campagne heureuse, est comme