Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/20

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Rebuté par tant de difficultés et de traverses, Cartier, dès le retour de la belle saison, s’empressa de quitter les eaux du Saint-Laurent et ne laissa sur ses rives aucun établissement durable.

Il fallut aux fondateurs de colonies un cœur fortement trempé, une triple cuirasse d’airain, comme dit Horace, pour aborder ces pays sauvages et tenter, au milieu des privations et des dangers, de s’y créer de nouvelles patries. Ils obéissaient à cette force invincible qui fait marcher les peuples vers de mystérieuses destinées : le nouveau continent était ouvert à l’Europe, ils allaient le conquérir pour elle.

Commencée au seizième siècle, cette conquête est de nos jours à peu près définitivement achevée ; les plus habiles, les plus entreprenants et les plus forts en ont eu la plus grosse part. Nos grands hommes d’État en avaient compris l’importance : François Ier l’avait pressentie et avait lancé partout les marins français à la découverte de nouvelles terres. Henri IV avait commencé notre empire colonial, et c’est aux grandes vues de cet homme de génie qu’est dû le premier projet de créer sur les rives du Saint-Laurent une colonie permanente. Québec lui doit sa naissance.

C’est par ses ordres directs et contre l’avis, bien aveugle cette fois, avouons-le, du sage Sully, que


    l’autre bout, tant qu’ils s’emplissent le corps de fumée, tellement qu’elle leur sort par la bouche et par les nazilles comme par un tuyau de cheminée ; et disent que cela les tient sains et chaudement, et ne vont jamais sans avoir lesdites choses. Nous avons éprouvé ladite fumée, après laquelle avoir mis en notre bouche, semble y avoir mis de la poudre de poivre, tant est chaude. »