Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/25

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On sait qu’au dix-septième et au dix-huitième siècle, tout soldat portait un sobriquet sous lequel seul il était connu et désigné de ses chefs. Sobriquet tiré soit de ses qualités physiques ou morales, soit des occasions de guerre dans lesquelles il s’était trouvé. Souvent aussi c’était un nom de fleur, ou celui d’une vertu civile ou guerrière. C’étaient : Va de bon cœur, Jolicœur, Brin d’amour, la Force, la Rencontre, la Déroute (ce qui signifiait sans doute que l’aspect seul de celui qui portait ce surnom suffisait pour mettre l’ennemi en fuite). C’étaient encore : La Fleur, la Tulipe, la Liberté.

Tous ces noms restent communs au Canada, et tous ceux qui les portent peuvent, à bon droit, se vanter d’être les descendants des héros du Raab et de Saint-Gothard, de ces hommes dont le grand vizir Achmet-Kopröli avait osé dire avant la bataille,


    tendant, quelques officiers des troupes qui sont restées en Canada ; et comme il importe au service du Roi qu’ils s’établissent audit pays, et qu’ils servent d’exemple à leurs soldats, il est bien nécessaire que vous empêchiez qu’à l’avenir ces officiers ne repassent en France, leur faisant connaitre que le véritable moyen de mériter les grâces de Sa Majesté est de demeurer fixes et d’exciter fortement tous leurs soldats à travailler au défrichement et à la culture des terres. » (Correspondance de Colbert, publiée par P. CLÉMENT, 2e partie, tome III.)

    Non seulement le retour des officiers et soldats, mais celui même des colons civils de toutes classes était vu d’un très mauvais œil, et Colbert mandait au gouverneur de les retenir dans la colonie par tous les moyens en son pouvoir, hormis la force. Encore cette restriction n’était-elle imposée que pour ne pas nuire par excès de zèle au but qu’on se proposait et éloigner les Français d’aller s’établir dans une colonie à laquelle on aurait donné la réputation d’un lieu d’exil dont on ne pouvait sortir. (Ibid.)