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ces régions. L’un d’eux, le Père de Quen, avait, en 1647 même, découvert au nord du Saint-Laurent une autre mer intérieure, un autre tributaire du grand fleuve : le lac Saint-Jean.

Mais un grand pas restait à faire, cette route de la Chine que les premiers voyageurs et Champlain lui-même avaient espéré trouver si près vers l’ouest, et qui semblait reculer à mesure qu’on la cherchait, il fallait enfin l’atteindre ! Suivant le dire des Indiens, un grand fleuve, le « Père des eaux », c’est ainsi que leur imagination se plaisait à le nommer, coulait dans une vallée dont nul d’entre eux ne connaissait les limites. En marchant longtemps dans la direction du couchant on devait l’atteindre, disaient-ils ; que croire de ces récits pleins de mystère et à demi fabuleux ? n’était-ce pas là cette route de Chine tant cherchée ?

Le gouverneur Frontenac et l’intendant Talon veulent résoudre ce grand problème. En 1673, ils chargent un coureur des bois. Jolliet, depuis longtemps au fait des coutumes et de la langue des Indiens parmi lesquels il a vécu, et un missionnaire, le Père Marquette, de se lancer à la recherche du grand et mystérieux cours d’eau. Malgré les représentations des tribus indiennes des bords du lac Michigan, qui s’efforcent de les retenir, les deux voyageurs, franchissant le court partage qui sépare le bassin de ce lac de la rivière Wisconsin, lancent leur canot sur des eaux inconnues.

En quelques jours le courant les entraine dans l’immense artère du Mississipi ; le « Père des eaux »