Le sot, lui, est un amant toujours content et tranquille. Il a une si robuste confiance dans les agréments qu’il étale, qu’il a la certitude d’être aimé avant même d’en avoir la preuve. Et cela doit être. À son avis, il fait infiniment d’honneur à la femme à laquelle il dédie ses feux. Il ne lui doit pas le bonheur, il le lui donne, et comme tout le porte à exagérer son bienfait, il ne lui vient pas même l’idée que l’on puisse s’en montrer ingrat. Ainsi, au milieu des joies de l’amour, il goûte encore les enivrements de la fatuité. Mais comme, en définitive, l’objet de son culte n’est autre que lui-même, il s’ennuie vite ; et comme l’amour n’est pour lui qu’un amusement qui passe, les dernières faveurs, loin de l’enchaîner plus fortement, le détachent par la satiété.