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Page:De l'amour des femmes pour les sots. Nouvelle éd. (1858).pdf/44

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entendre. Il veut être réservé, et il paraît froid ; il veut dire ce qu’il espère, et il indique ce qu’il craint ; il avoue qu’il n’a rien pour plaire, et on le prend au mot. Il commet le crime de n’être ni commun ni vulgaire. Ses lettres sortent de son cœur, et non de sa tête ; elles sont d’un style simple, clair et limpide ; elles ne contiennent que quelques détails touchants et bien sentis. Mais c’est précisément ce qui fait qu’on ne les lit pas, qu’on ne les comprend pas, et qu’on s’en venge. Elles sont décentes : il les faut stupides.

Le sot est très fort en correspondance amoureuse, et il le sait. Bien loin de reculer devant l’envoi d’une lettre, c’est très souvent par là qu’il débute. Il en a une collection de toutes prêtes, pour tous les degrés de la passion. Il y allègue en langage burlesque l’ardeur de sa