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Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/601

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SOIRÉE
CHEZ MADAME MARTINETTI,
À ROME.


Parmi les personnes qui ont séjourné en Italie, il en est peu qui n’aient vu, ou qui ne connaissent au moins par ouï-dire, l’aimable, la spirituelle et belle Cornelia Martinetti, de Bologne. Il y a quelques années que cette dame passa l’hiver à Rome. Sa société était, sans contredit, l’une des plus agréables de la ville, et ceux qui ont eu l’avantage d’y être admis en conservent encore un souvenir que le temps ne saurait effacer. On y parlait un soir des ballades, des romances et des chansons populaires dont le nombre est si grand en Allemagne, en Angleterre, ainsi que dans tout le nord de l’Europe, et quelques hommes lettrés de ces pays semblaient reprocher à l’Italie, si riche d’ailleurs, sa pauvreté en ce genre. Il est vrai, interrompit Cornelia en tirant d’un meuble placé près d’elle, une douzaine de petits livrets couverts en papier gris, que nos poëtes célèbres n’ont pas daigné relever ce genre ; mais nous avons cependant des traditions historiques qui amusent le peuple ; on les met en mauvais vers, il est vrai ; ce sont des aveugles qui les chantent ; on les vend par petits cahiers, comme ceux que vous voyez ; et demain, en allant à Saint-Pierre, vous trouverez dans le faubourg, près du palais Giraudi, la vieille femme qui en fait commerce. Toutefois, je puis vous assurer que dans le nombre il y en a d’intéressantes. Si vous vouliez, je vous en lirais une. C’était le souhait que tout le monde avait