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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/173

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Chez Pierret d’abord, puis chez Soulier. Pierret venu nie joindre.

— Travaillé au Turc du second plan, qui s’aperçoit de l’incendie. — Félix un instant.

— Dîné avec Pierret. Été ensuite chez M. Lelièvre. Point trouvé. — Chez M. Guillemardet. Louis me paraît fort mal. J’ai éprouvé une impression bien douloureuse en le voyant et j’y mêlais aussi ce sentiment solennel et funestement poétique de la faiblesse humaine, source intarissable des émotions les plus fortes.

Pourquoi ne suis-je pas poète ? Mais, du moins, que j’éprouve, autant que possible dans chacune de mes peintures, ce que je veux faire passer dans l’âme des autres !… L’allégorie est un beau champ !

Le Destin aveugle entraînant tous les suppliants qui veulent en vain, par leurs cris et leurs prières, arrêter un bras inflexible.

Je crois et j’ai pensé ailleurs que ce serait une excellente chose que de s’échauffer à faire des vers, rimés ou non, sur un sujet pour s’aider à y entrer avec feu pour le peindre. À force de s’accoutumer à rendre toutes mes idées en vers, je les ferais facilement à ma façon. Il faut essayer d’en faire sur Scio.

Lundi 26 avril. — Le résultat de mes journées est toujours le même : un désir infini de ce qu’on n’obtient jamais, un vide qu’on ne peut combler, une