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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/228

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

la porte de la petite cour. En nous en allant, la petite maison blanche dans l’ombre au milieu des orangers sombres. Le cheval à travers les arbres.

Dîner à la maison avec les consuls. Le soir, M. Rico a chanté des airs espagnols. Le Midi seul produit de pareilles émotions.

Indisposé et resté seul le soir. Rêverie délicieuse au clair de lune dans le jardin.

Mercredi 15 février. — Sorti avec M. Hay[1]. Vu le muezzin appelant du haut de la mosquée.

— L’école des petits garçons. Tous des planches avec écriture arabe. Le mot table de la loi, et toutes les indications antiques sur la manière d’écrire montrent que c’étaient des tables de bois. Les encriers et les pantoufles devant la porte.

Mardi 21 février. — La noce juive[2]. Les Maures

  1. M. Hay, consul général et chargé d’affaires d’Angleterre.
  2. Cette scène inspira à Delacroix l’admirable toile qui figure au musée du Louvre sous le titre : Noce juive dans le Maroc. Voici le texte explicatif fourni par Delacroix au livret du Salon de 1841 : « Les Maures et les Juifs sont confondus. La mariée est enfermée dans les appartements intérieurs, tandis qu’on se réjouit dans le reste de la maison. Des Maures de distinction donnent de l’argent pour des musiciens qui jouent de leurs instruments et chantent sans discontinuer le jour et la nuit ; les femmes sont les seules qui prennent part à la danse, ce qu’elles font tour à tour, et aux applaudissements de l’assemblée. » Ce tableau avait été commandé au maître par le marquis Maison, qui n’en fut pas satisfait et trouva trop élevé le prix Je 2,000 francs que Delacroix lui en demandait. Il fut acheté 1,500 francs par le duc d’Orléans, qui le donna au musée du Luxembourg. De là il passa au Louvre. (Voir Catalogue Robaut.)