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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/259

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Tanger. — Après le retour de Meknez.

Chez Abraham avec MM. de Praslin et d’Orsonville. — La fille avec un simple fichu sur la tête et sa toilette. — Les nègres qui sont venus danser au consulat et par la ville. Femme devant eux couverte d’un haïjck et portant un bâton avec un mouchoir au bout pour quêter. — Un accès de fièvre vers le 16 avril. — Le 20, promenade. Ma première sortie avec M. D… et M. Freyssinet à la Marine. Noir qui baignait un cheval noir ; le nègre aussi noir et aussi luisant.

Tanger, 28 avril. — Hier 27 avril, il est passé sous nos fenêtres une procession avec musique, tambours et hautbois. C’était un jeune garçon qui avait complété ses études premières et qu’on promenait en cérémonie ; il était entouré de ses camarades qui chantaient et de ses parents et maîtres. On sortait des boutiques et des maisons pour le complimenter. Lui était enveloppé dans un burnous.

Dans les occasions de détresse, les enfants sortent avec leurs tablettes d’école et les portent avec solennité. Ces tablettes sont en bois, enduites de terre glaise ; on écrit avec des roseaux et une sorte de sépia qui peut s’effacer facilement. Ce peuple est tout antique[1]. Cette vie extérieure et ces maisons fermées

  1. Delacroix écrivait à Pierret le 29 février, peu de temps après son arrivée : « Imagine, mon ami, ce que c’est que de voir, couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des