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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/384

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

montre joyeux de le voir et de causer avec lui, mais il le quitte bientôt et lui dit avec accablement : « Je rentre chez moi… Et pourquoi, et comment cela se peut-il autrement ? »

De là nous passons à la nécessité de s’occuper pour échapper passagèrement au sentiment de nos maux. Il a remarqué que les vieillards n’éprouvent pas autant ce besoin. Il me cite M. Barbier, père de sa femme, et M. Robelleau. Ces deux hommes lisent très peu. Ils vivent avec leurs souvenirs, et l’ennui ne les gagne pas. Il me rappelle que Bataille[1], qui était désœuvré comme eux, en apparence, ne se plaignait jamais du poids du temps.

— Le soir, entré à Notre-Dame de Lorette. Entendu de la musique.

Ensuite chez Leblond ; Garcia y était. Il m’a chanté un superbe air de Cimarosa, du Sacrifice d’Abraham. Mme Leblond m’a chanté quelque chose et m’a fait plaisir.

Je n’ai dans la tête qu’accords de Cimarosa. Quel génie varié, souple et élégant ! Décidément, il est plus dramatique que Mozart.

6 mai. — Chez Villot vers une heure et resté à son atelier jusqu’à cinq heures et demie.

Vu de l’anatomie ; il y a à faire avec ses fragments

  1. Nicolas-Auguste Bataille, cousin de Delacroix, ancien officier d’état-major, propriétaire de l’abbaye de Valmont, qu’il légua en mourant à M. Bornot.