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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/465

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

un endroit aimé[1]. Mais tout est défiguré… le chemin est changé, etc.

Le lendemain dimanche 7, visité le jardin tout mouillé. Je n’ai pas été trop désappointé. Les arbres ont grandi dans une proportion extraordinaire et donnent à l’aspect quelque chose de plus triste qu’autrefois, mais dans certaines parties un caractère presque sublime. La montagne à gauche vue d’en bas, avant d’arriver aux petites cascades ; les arbres verts entourés de lierre vers le pont. Malheureusement le lierre qui les embrasse et fait un bel effet, les dévore et les fera périr avant peu.

Après déjeuner, visité avec Bornot et Gaultron la chapelle[2]. Le temps est mauvais et nous tient enfermés.

  1. L’émotion de Delacroix s’explique facilement, car c’est là, à l’abbaye de Valmont, que le maître avait passé les meilleurs moments de sa jeunesse. Son cousin, M. Bataille, officier d’état-major, attaché à la personne du prince Eugène, à la suite duquel il fit les campagnes d’Italie et de Pologne, de 1811 à 1813, était propriétaire de cette ancienne abbaye, qui avait été bâtie pour huit moines bénédictins, et qui touchait aux ruines d’une église beaucoup plus ancienne. M. Bataille avait réparé les ruines et l’habitation, puis il avait planté un parc à l’entour. A sa mort, Valmont était devenue la propriété de M. Bornot, cousin de M. Bataille et de Delacroix.
  2. Delacroix exécuta à l’abbaye de Valmont des fresques. Elles furent peintes en 1834. À ce propos, il écrivait à Villot : « Le cousin m’a fait préparer un petit morceau de mur avec les couleurs convenables, et j’ai fait en quelques heures un petit sujet dans ce genre assez nouveau pour moi, mais dont je crois que je pourrais tirer parti, si l’occasion s’en présentait… J’avoue que je serai singulièrement ragaillardi par un essai dans ce genre, si je pouvais le faire sérieusement et en grand.» (Voir Correspondance, t. I, p. 203 et 204.)