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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Nous sommes entrés un instant dans ce salon où elle ne doit plus rentrer et où nous avons passé des moments si gais avec le bon cousin, avec Riesener, avec tous les originaux qui composaient sa société, et qui m’ont bien l’air de ne guère s’informer d’elle à présent.

Nous allions vers le port, au-devant de Gaultron. Nous sommes revenus sans avoir été jusqu’à la mer, ce qui a été pour moi une mystification.

Passé assez de temps à voir chez un orfèvre des pendeloques anciennes du pays, et revenu plus tard à Valmont par une pluie qui me gâte bien ce pays-ci.

Vendredi 12. — La petite Mme Duglé, fille de Zimmerman[1], est venue déjeuner avec sa sœur. Journée de pluie complète.

Samedi 13. — Matinée employée à terminer la lecture d’Arsace et Isménie[2], de Montesquieu. Tout le talent de l’auteur ne peut vaincre l’ennui de ces aventures rebattues, de ces amours, de cette constance éternelle ; la mode et, je crois aussi, un sentiment de la vérité, ont relégué ces sortes d’ouvrages dans l’oubli.

Avant déjeuner, examiné les vitraux. Se rappeler

  1. Zimmerman, compositeur et pianiste distingué, né à Paris en 1785, mort en 1853. Il fut longtemps professeur de piano au Conservatoire.
  2. L’Arsace et Isménie, petit roman oriental de Montesquieu, où l’affabulation romanesque se trouve entremêlée de considérations politiques, et qui fait partie des œuvres posthumes de l’écrivain.