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Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/519

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

voulu subir aucune contrainte, cette alternative, dis-je, est inévitable. Il y en a qui ont mené la vie la plus dure sous les impérieuses lois d’une femme acariâtre, ou souffrant les caprices d’une coquette à laquelle ils avaient lié leur sort, et qui à la fin de leurs jours n’ont pas même la consolation d’avoir pour leur fermer les yeux ou leur donner leurs bouillons cette créature qui serait bonne du moins pour adoucir le dernier passage. Elles vous quittent ou meurent au moment où elles pourraient vous rendre le service de vous empêcher d’être seul. Les enfants, si vous en avez eu, après vous avoir occasionné tous les soucis de leur enfance ou de leur sotte jeunesse, vous ont abandonné depuis longtemps.

Vous tombez donc nécessairement dans cet isolement affreux dans lequel s’éteint ce reste de vie et de souffrances.

Jeudi 16 mai. — A Paris, par le premier convoi.

Vendredi 17 mai. — Travaillé ce matin à la femme qui se peigne.

— Grande promenade dans la forêt, par le côté de Draveil. Pris en contournant la forêt par l’allée qui en fait le tour.

J’ai vu là le combat d’une mouche d’une espèce particulière et d’une araignée. Je les vis arriver toutes deux, la mouche acharnée sur son dos et lui portant des coups furieux ; après une courte résistance, l’araignée