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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/279

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

situde, et sentant à merveille que je pourrais passer aussi bien plus de temps au milieu d’une solitude si paisible et dépourvue de ce qu’on appelle des distractions. Pendant que jetais couché sous ces chers peupliers, j’apercevais au loin, sur la route et au-dessus de la haie de Baÿvet, passer les chapeaux et les figures des élégants traînés dans leurs calèches que je ne voyais pas à cause de la haie, allant à Soisy ou en revenant, et occupés à chercher la distraction chez leurs connaissances réciproques, faire admirer leurs chevaux et leurs voitures et prendre part à l’insipide conversation dont se contentent les gens du monde… Ils sortent de leurs demeures, mais ils ne peuvent se fuir eux-mêmes ; c’est en eux que réside ce dégoût pour tout délassement véritable, et l’implacable paresse, qui les empêche de se créer de véritables plaisirs.

Le soir, je voulais aller chez Barbier ; dans la journée chez Mme Villot et le maire : une délicieuse paresse m’en a empêché… Celle-là est excusable, puisque j’y trouvais du plaisir.

Vendredi 28 octobre. — Ce matin, levé comme à l’ordinaire, mais plein de l’idée que je n’avais à faire que mes paquets. J’ai savouré de nouveau le plaisir de ne rien faire.

Après avoir fait cent tours et regardé mes peintures, je me suis enfoncé dans mon fauteuil, au coin de mon feu et dans ma chambre ; j’ai mis le nez