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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/302

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ne ressemble guère au plaisir troublé des amants.

J’ai vu chez la princesse le portrait du prince Adam[1] par Delaroche[2] ; on dirait le fantôme du pauvre prince, tant il semble qu’il lui ait tiré tout le sang de ses veines, et tant il lui a allongé la figure. Voilà vraiment, suivant l’expression de Delaroche lui-même, ce qu’on peut appeler de la peinture sérieuse. Je lui parlais un jour des admirables Murillo du maréchal Soult, qu’il voulait bien me laisser admirer ; seulement, disait-il, ce n’est pas de la peinture sérieuse.

Je suis rentré à une heure du matin. Jenny me disait que quand on a entendu de la musique pendant une heure, c’est tout ce qu’on en peut porter. Elle a raison : c’est même beaucoup. Un air ou deux comme le duo de Mozart, et le reste fatigue et donne de l’impatience.

Samedi 1er décembre. — Hercule et Diomède[3], grand paysage. — Adam et Éve[4].

Sur quelques folies. — Sur le progrès. — Opinions modernes.

Mercredi 7 décembre. — Insipide dîner chez

  1. Le prince Adam Czartoryski.
  2. « Le seul homme dont le nom eût puissance pour arracher quelques gros mots à cette bouche aristocratique, était P. Delaroche. » {Baudelaire, sur Delacroix.)
  3. Voir Catalogue Robaut, no 1274.
  4. Il s’agit probablement de la toile qui porte le no 853 du Catalogue Robaut, et que le maître donna ultérieurement à M. de Jolly.