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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/386

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Dernière séance du conseil de revision. Vu avec plaisir de belles natures, des remplaçants. On leur trouvait mille défauts ; c’est le contraire pour les autres.

7 juin. — Repris la petite esquisse du Combat du lion.

Le soir à la Vestale ; quoique impatienté par la longueur des entractes, j’ai été très intéressé. La Cruvelli a quelque chose d’antique dans ses gestes, surtout dans la scène du trépied. Elle n’est pas serrée dans ses habits comme les actrices ordinaires dans les costumes grecs ou romains. La musique aussi a du caractère. Je me rappelle que Franchomme souriait quand je mettais cela au-dessus de Cherubini. Il avait peut-être raison, comme facture ; mais je crois que le même opéra traité par le fameux contrapontiste n’aurait pas eu ces élans de passion et cette simplicité, en même temps… Berlioz, à qui j’en parlais, me dit de Spontini que c’était un homme qui avait des lueurs de génie[1].

    Catalogue Robaut, qui donne, chaque fois que le renseignement a pu être obtenu, le prix d’achat des tableaux, et les différents chiffres qu’ils ont atteints dans les ventes successives. Lors de la disparition de Millet, on a été pris d’une belle crise d’indignation contre les marchands de tableaux, en songeant aux bénéfices qu’ils avaient réalisés avec les œuvres de ce maître. On pourrait faire, et tout aussi justement, les mêmes observations au sujet d’Eugène Delacroix. Plusieurs passages du Journal sont d’ailleurs pleinement significatifs. N’est-ce pas l’histoire de presque tous les grands peintres ?

  1. Berlioz partageait à l’égard de Spontini, pour sa Vestale, l’admiration de R. Wagner, qui écrivait : « Spontini, lui, il est mort, et avec lui