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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/410

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

un malheur, de manière à en faire un sujet d’affliction de quelque permanence dans l’ordinaire de la vie ! Ne faut-il pas à toute force s’accoutumer à cette solution nécessaire, à cet affranchissement des autres maux dont nous nous plaignons, et qui sont, à juste titre, des maux, puisque nous les sentons, tandis qu’avec la mort, c’est-à-dire avec la fin, il n’y a plus ni conscience ni sentiment ? Nous ne vivons nous-mêmes que de cette multitude innombrable de morts que nous entassons autour de nous. Notre bien-être, c’est-à-dire notre bonheur, ne s’établit que sur ces ruines de la nature vivante que nous sacrifions, non pas seulement à nos besoins, mais souvent à un plaisir passager, tel que celui de la chasse, par exemple, qui est pour la plupart des hommes un simple délassement.

22 juillet. — Emporter à la campagne les Alken. — Casquette légère, brosse à dents. — Circulaire de Bouchereau en juillet 1854.

Dauzats venu dans la journée ; il me parle du projet de changement à la classe des Beaux-Arts.

Arnoux venu ensuite. Il me dit que Corot[1] est très enchanté de mon plafond[2]. Il me cite encore quelques approbations dans ce sens.

23 juillet. — Le roi René auprès du corps de Charles

  1. Nous nous sommes expliqué dans le premier volume sur les rapports de Corot avec Delacroix.
  2. Plafond d’Apollon.