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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/465

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

De l’utilité qu’on peut retirer de ses amis : tel est, je crois, le titre de l’un des traités de Plutarque. Un courtisan ou seulement un homme du monde occupé à se pousser et à faire sa carrière, ne s’informerait sans doute pas de ce que le bon Plutarque a entendu faire dans son traité. Pour ces hommes-là il n’y a qu’une manière de tirer parti de ses amis : c’est d’abord de les avoir puissants et ensuite de les faire intriguer pour soi ou de s’accrocher à leur fortune. Qu’importe l’estime qu’ils peuvent mériter en dehors de cela ? Qu’importe celle qu’on peut concevoir de soi-même, d’être accueilli et aimé par des hommes d’une grande vertu et d’un grand caractère ? C’est cependant à ce genre d’utilité qu’il faut de toute sa force s’attacher dans toute espèce de liaison. La fréquentation des honnêtes gens non seulement nous confirme dans les sentiments de droiture, mais nous apprend à ne point estimer les biens qu’on n’acquiert qu’en s’écartant de la stricte délicatesse. On apprend ainsi à ne négliger aucun des devoirs essentiels.

15 septembre. — David disait à cet homme qui le fatiguait d’une conversation sur les procédés, les manières, etc., de toutes sortes : « J’ai su tout cela quand je ne savais encore rien. »

Chenavard venu chez moi pendant que je dessine des bateaux[1], et presque aussitôt Isabey… Singu-

  1. Voir Catalogue Robaut, no 1271.