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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/55

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Rubens. Les médiocres ne peuvent oser de la sorte ; ils ne sont jamais hors d’eux-mêmes. La méthode ne peut tout régler ; elle conduit tout le monde jusqu’à un certain point. Comment aucun des grands artistes n’a-t-il essayé de détruire cette foule de préjugés ? ils auront été effrayés de la tâche et auront abandonné la foule à ses sottes idées.

Champrosay, samedi 19 octobre. — Payé à Joseph Tissier, ce jour ou deux auparavant, la somme de 55 francs pour vingt-deux journées de travail au jardin. Il a eu l’effronterie de me présenter ce résultat depuis mon départ. De plus, 2 fr. 50 pour un jardinier, auquel il a acheté des fleurs.

3 novembre. — Rubens met franchement la demi-teinte grise du bord de l’ombre entre son ton local de chair et son frottis transparent. Ce ton chez lui règne tout du long. Paul Véronèse met à plat la demi-teinte de clair et celle de l’ombre. (J’ai remarqué par ma propre expérience que ce procédé donne déjà une illusion étonnante.) Il se contente de lier l’un à l’autre par un ton plus gris mis par places et à sec par-dessus. De même, il met, en frôlant, le ton vigoureux et transparent qui borde l’ombre du côté du ton gris.

Titien probablement ne savait pas comment il finirait un tableau… Rembrandt devait être souvent dans ce cas ; ses emportements excessifs sont moins un effet de son intention que celui de tâtonnements successifs.