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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/94

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

la même que je croyais mètre propre à moi seul, à savoir que les appareils de chauffage, comme on les fait, sont bons pour des corridors, pour des lieux de passage et de circulation, mais que la difficulté de modérer et de conduire cette chaleur la rend nuisible ou insuffisante dans les chambres des malades, dortoirs, et que le feu, en définitive, dans les bons poêles, de bon bois dans de bonnes cheminées est le meilleur de tous les chauffages. C’est ce que nous nous disions tous à l’oreille. La somme nécessaire cependant pour un gigantesque établissement d’appareils était votée, et avec ce prix on aurait eu du bois ou du charbon pour chauffer vingt ans l’hôpital.

Mardi 10 février. — Soirée chez M. Chevalier, rue de Rivoli, dans des appartements très splendides au premier. Détestables tableaux sur les murs, livres magnifiques dans des armoires qu’on n’ouvre pas plus que les livres. Point de goût. J’y ai vu Mme Ségalas[1], qui m’a rappelé que nous ne nous étions pas rencontrés depuis 1832 ou 1833, chez Mme O’Reilly. C est là aussi et chez Nodier[2] d’abord, que j’ai vu pour la première fois Balzac[3], qui était alors un jeune homme

  1. Mme Anaïs Ségalas, un des plus célèbres bas bleus du temps, auteur de contes enfantins et de petits ouvrages humoristiques.
  2. Charles Nodier avait été nommé en 1823 bibliothécaire de l’Arsenal. Son salon devint alors le rendez-vous de tout le monde littéraire et artistique. « Là, dit J. Janin, il recevait tous ceux qui tenaient honorablement une plume, un burin, une palette, un ébauchoir. »
  3. Balzac, nous l’avons déjà fait observer dans notre Étude, était antipathique à Delacroix. L’artiste ne lui pardonna jamais ce je ne sais