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Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/156

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LA VIE DE SON ESPRIT

L’habileté du procédé littéraire est d’accord avec la sincérité nue : il imagine, pourrait-on dire, sans qu’il y ait invention ; le désordre, le crépitement des langues ardentes, la difficulté pour nous de les suivre, puisqu’elles sont mille à se croiser, à se couper, à se monter l’une sur l’autre, ce n’est que la réalité de ce qui a lieu dans son esprit.

Tous les raisonnements possibles, et, rigoureux, complets en quelques mots, précipités jusqu’au bout dans une course vertigineuse ; toutes les expériences de sensibilité morale, avec leurs conclusions, leurs résultats également contraires, dont il ne s’amuse pas en sceptique, dont il reconnaît souffrir épouvantablement.

Une chose pourtant reste et domine : la solidité psychologique de l’être : « Satan, tu veux me dissoudre… » Il ne se dissoudra pas. Malgré lui ou non, c’est à une théorie spiritualiste que reste la victoire. Le philosophe qui écrivit « L’Unique et sa propriété avait donné cette formule : « Use ta vie en la consumant » que Rimbaud