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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/21

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Fantasque, touchant terre à peine en son sentier,
Notre auteur avait tant de hâte de la vivre
Qu’au plus en lisait-il la moitié, — du vieux livre
Devinant tout le reste, et se fiant à soi
Pour évoquer le peuple et redresser le roi !
Et ce magicien, cet assembleur d’orages
Faisait passer devant l’œil ravi les images
Des temps écoulés, guerre, intrigues, passions.
Frondes où l’on se tâte aux révolutions,
Ligues sanglantes, jeux de princes, cours infâmes,
Chocs de peuples mêlés à des guerres de femmes,
Le Roi soleil donnant au pays l’Unité
Comme son homonyme au ciel, — la Liberté
Naissant avec Voltaire, et puis le siècle immense
Qui par la comédie et le boudoir commence
Et qui s’achève avec l’épopée et Danton ! —
Il semait sur ses pas fantaisie et chanson.
Mille types, jetant de superbes paroles,
Les fortes amitiés avec les amours folles ! —
Car ses héros sont cœurs larges et généreux ;
Comme Oreste et Pylade, ils marchent deux par deux
Souvent quatre par quatre, et qui dit l’un, dit l’autre.
Et c’est leur trait commun, soldat, artiste, apôtre.
Ascanio, La Mole et Coconnas, Bussy
Et Remy, Balsamo, Lorin, — ceux que voici.

Les Mousquetaires.
Et tous les autres, — tous aiment ! — Et c’est la cause

Qui fait, en les lisant, que l’âme se repose,
Qu’on se sent à ce style ardent, bravé et railleur.